Comment continuer à vivre socialement après un décès périnatal ?

Deuil périnatal

Cette pensée vous traverse l’esprit, et c’est tout à fait normal. Il faut savoir qu’un décès périnatal est l’un des événements les plus dévastateurs que puisse vivre une famille. Le processus de deuil peut prendre différentes formes et intensités. ­Peut-être que ces événements sont beaucoup trop exigeants, sur le plan des émotions, pour vous présentement. Il est important que vous respectiez votre rythme pour mieux vous adapter à cette épreuve.

Pour bien comprendre
D’abord, vous venez de vivre un décès périnatal, ce qui se caractérise par la perte d’un enfant entre la conception et la première année de vie de celui-ci. Ce n’est pas banal. D’ailleurs, l’intensité du deuil n’a rien à voir avec le nombre de semaines de grossesse ou encore le nombre de jours de vie de cet enfant. C’est généralement l’attachement des parents à ce bébé qui fait fluctuer cette intensité. Cet investissement émotionnel envers ce bébé peut parfois avoir commencé avant même sa conception : vous avez imaginé un bébé qui ressemble à votre partenaire, vous imaginez la relation que vous développerez avec lui ou, encore, vous rêvez de ces moments passés en famille. Ensuite, plusieurs autres moments font en sorte que vous vous attachez de plus en plus, que ce soit le test de grossesse, les échographies, les mouvements du bébé dans le ventre, et bien plus encore. Finalement, puisque vous êtes déjà attaché à cet enfant, il est normal de vivre un deuil et de ressentir des difficultés d’adaptation lors de certaines situations.

Les étapes du deuil
Lorsqu’on parle du processus de deuil, on entend souvent parler de cinq grandes étapes à traverser : le choc et/ou le déni, la négation ou la colère, le marchandage, la dépression et l’acceptation. Cependant, cette théorie met en lumière le fait qu’il faut traverser ces étapes pour arriver à la suivante. Dans les faits, ce n’est pas un processus linéaire. Il est tout à fait possible de faire des allers et retours entre ces périodes. Également, lorsqu’on s’attarde plus spécifiquement au deuil périnatal, on réalise que ces étapes sont légèrement différentes. En effet, l’étape d’acceptation, par exemple, pourrait plutôt être décrite comme une phase d’adaptation, car accepter de perdre un bébé n’est pas tellement réaliste comme objectif pour les parents endeuillés. Il faut en fait apprendre à vivre avec la perte d’un enfant.

Changements de comportements
Plusieurs comportements peuvent survenir dans le processus d’adaptation à cette nouvelle réalité comme le fait d’éviter des sorties (showers de bébé ou des fêtes d’enfants), afin de ne pas être confronté à tout ce qui rappelle la perte d’un enfant. S’isoler pour éviter les contacts avec des personnes qui pourraient vous poser des questions alors que vous n’êtes pas prêt. Bref, tous ces comportements peuvent être une façon de vous protéger à court terme. Cependant, ces situations sont souvent de plus en plus difficiles à éviter à long terme. En effet, tout au long de votre vie, vous ferez face à des situations qui pourraient vous rappeler la perte de votre bébé. Que ce soit de croiser une personne enceinte dans votre milieu de travail ou d’entendre le prénom que vous aviez choisi pour ce bébé. Alors, pour revenir à la question de départ, comment continuer à vivre socialement après un décès périnatal ? Il est mentionné plus haut, il est important que vous respectiez votre rythme et vos émotions, et d’y aller une étape à la fois.

Accueillir la peine
D’abord, de manière plus générale, vous devez vous permettre de vivre votre deuil. Ce que cela signifie, c’est que, peu importe la phase du deuil que vous vivez à cet instant, vous devez vous donner le droit de la vivre. Votre deuil est légitime, vous avez le droit de vivre toutes sortes d’émotions, de passer par la tristesse et la colère. Tranquillement, vous serez en mesure d’adopter des comportements visant une reconstruction à la suite de la perte de votre enfant.

Ensuite, lorsque vous vous sentirez prête à vous présenter à un shower de bébé, par exemple, choisissez une personne enceinte avec qui vous êtes plus à l’aise et où vous vous sentirez libre de vivre les émotions que vous vivrez à ce moment. Sinon, vous pouvez également vous y présenter, accompagnée d’une personne de confiance avec qui vous aurez la possibilité d’aborder ce que vous ressentez à ce moment.

En conclusion, le deuil périnatal se vit différemment selon la personne. Si vous avez l’impression de stagner dans certaines phases du deuil ou d’adopter uniquement des comportements orientés vers la perte de votre enfant, il peut parfois être nécessaire d’aller chercher de l’aide afin de vous réorganiser ou de traverser certaines phases du deuil qui sont plus difficiles pour vous. Plusieurs ressources existent pour vous aider à traverser cette épreuve, comme des groupes de soutien ou encore des professionnels de la santé.

Tanya B-Allaire
Sexologue
VÄXA Centre Ressources, Saint-Hyacinthe
www.tanyaballaire-sexologue.com

Références
CHU Sainte-Justine. (2019). Deuil périnatal. CHU Sainte-Justine.
https://www.chusj.org
fr/soins-services/C/complications-de-grossesse/Deuil-perinatal-mort-perinatale

Cyr, M. et I. Clément. (2013). Fausse couche, vrai deuil. Montréal : Éditions Caractère.
De Montigny, F., C. Verdon, J. Lord-Gauthier et C. Gervais. (2017).
Décès périnatal : Le deuil des pères. Éditions du CHU Sainte-Justine.

Parents Orphelins. (2021). À propos du deuil périnatal. Parents Orphelins.
https://parentsorphelins.org/a-propos-du-deuil-perinatal/

Par ­Tanya ­B-Allaire

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